Un ingénieux librairie vénitien a trouvé un moyen de protéger ses livres contre la montée des eaux.

Je l’ai déjà abordé dans ces lignes : la littérature s’affirme chaque jour un peu plus comme un acte de résistance. Résistance politique, c’est une évidence. Résistance contre les dérives climatiques, aussi. Exemple à Venise.

À quelques ruelles de la place Saint-Marc, dans un recoin peu fréquenté de Venise, se trouve un commerce atypique. La librairie Acqua Alta, tenue par Luigi Frizzo, s’est adaptée avec pragmatisme aux crues qui envahissent régulièrement la ville.

Sa solution ? Ranger les livres dans des contenants insolites capables de flotter : vieilles gondoles usées, baignoires récupérées et tonneaux étanches. Si jamais l’eau monte et s’i

 

nfiltre entre les murs, les livres poursuivent tranquillement leur vie en surface.

L’intérieur de la librairie ressemble à un joyeux capharnaüm organisé. Des chats se prélassent entre les piles, gardiens indifférents de ce trésor hétéroclite. Les allées étroites serpentent entre des montagnes d’ouvrages en plusieurs langues – guides de voyage défraîchis, romans d’occasion et vieux magazines s’y côtoient sans hiérarchie apparente.

La particularité qui attire les curieux se trouve à l’arrière : un escalier fabriqué avec des livres irrécupérables, solidement fixés et vernis contre l’humidité. Grimpez ces marches improvisées et vous découvrirez une vue modeste mais charmante sur un canal voisin.

Cette librairie est devenue au fil des ans un symbole du sens pratique des Vénitiens, une résistance douce et maline contre l’inéluctable.

Bertrand, éditeur des Histoires Jamais Entendues

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