Gamin je lisais Sir Arthur Conan Doyle pour les aventures de Sherlock Holmes, certes. Le Chien des Baskerville a été, je dois l’avouer, l’un des tournants de cette exploration littéraire qui m’a conduit jusqu’à vous. Mais de Doyle, j’avais été profondément frappé par un autre livre : Le Monde Perdu (dont je n’ai dû lire, en fait, qu’un seul des cinq tomes, et probablement encore dans une forme résumée).
Je n’ai bien sûr pas été le seul à m’être laissé embarquer dans cette jungle protégée des entropies du temps, au point d’être encore peuplée de dinosaures : Spielberg en a produit Jurassic Park, et King Kong en est nettement inspiré, notamment dans la version de Peter Jackson.
Je découvre aujourd’hui que ce monde existe, au moins dans son étrange géographie : il y a en effet, à la frontière du Venezuela, du Brésil et du Guyana, une montagne bien réelle qui a inspiré le romancier, le mont Roraima.
Une forteresse naturelle
Le mont Roraima est ce qu’on appelle un tepuy, une montagne-tabulaire typique du plateau des Guyanes.
Ses parois abruptes peuvent atteindre 400 à 1 000 mètres de haut, formant une sorte de citadelle minérale totalement isolée du monde alentour.
Son sommet plat, souvent plongé dans les nuages, est inaccessible sans escalade, à l’exception d’un seul “couloir naturel”.
Et ce n’est pas qu’un décor grandiose : c’est un monde en soi.
Un écosystème à part
Le sommet du mont Roraima est souvent plongé dans les brumes, détrempé par des pluies presque constantes, et balayé par des vents froids.
Résultat : un microclimat extrême, où la nature a évolué en vase clos pendant des millions d’années.
On y trouve :
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des plantes carnivores qu’on ne voit nulle part ailleurs,
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des rochers érodés en formes étranges, comme des sculptures naturelles,
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des bassins naturels d’une eau si pure qu’on y voit le ciel se refléter à l’envers.
Beaucoup de ses espèces animales et végétales sont endémiques, c’est-à-dire qu’elles n’existent que là-haut, sur ce plateau isolé du reste du monde. Comme sur une île, mais perchée dans les airs.
Une montagne sacrée
Pour les peuples autochtones Pémon et Kapon, Roraima est un lieu sacré.
Selon leurs légendes, la montagne serait le tronc d’un arbre divin qui portait tous les fruits du monde. Quand l’arbre fut abattu par un dieu, son tronc se transforma… en plateau rocheux.
Cette dimension mythologique a renforcé le mystère autour de Roraima — bien avant que les explorateurs occidentaux ne s’y intéressent.
Pourquoi c’est inspirant ?
Parce que c’est un lieu à la frontière du réel et de l’imaginaire, un endroit qui prouve que notre planète n’a pas livré tous ses secrets.
Parce que le mont Roraima nous montre que la science-fiction s’ancre souvent dans des paysages bien réels.
Et parce qu’il rappelle, dans un monde hyperconnecté, qu’il existe encore des territoires où l’émerveillement est intact.
📚 À lire : Le Monde Perdu, Sir Arthur Conan Doyle, 1912
🌍 À explorer (virtuellement) : BBC Travel – Roraima
🎥 À voir : Up (Là-Haut) de Pixar, dont le décor s’inspire fortement de Roraima
Bertrand, éditeur des Histoires Jamais Entendues
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