À Naples, prendre un café n’est pas seulement une question de goût. Une ancienne tradition appelée “caffè sospeso” offre aux habitants et visiteurs l’opportunité de laisser un geste de solidarité à leur prochain. Mais comment fonctionne réellement cette coutume qui fait chaud au cœur ?
J’avais vu ça dans un petit café en Normandie, et j’ignorais que la tradition venait d’Italie : le café suspendu. Un principe simple et fraternel : vous commandez un café, mais vous en réglez deux, et vous ajoutez une barre à la craie blanche sur l’ardoise qui recense les cafés offerts. Et le jour où vient une personne sans le sou, elle peut commander un café, il est déjà réglé. Pas besoin de questions ni de justificatifs : quiconque entre dans le café peut demander un caffè sospeso s’il en a besoin.
Je trouve cette idée profondément généreuse. Elle montre que dans un monde où tout semble parfois monétisé ou réservé aux plus aisés, il existe encore des gestes simples pour entretenir le lien social et aider son prochain. J’en ai parlé à Alfonso d’Ente, qui m’a dit que cette pratique était répandue à Naples. C’est ce que les italiens appellent le “caffè sospeso”. Une tradition, bien plus qu’une simple habitude : c’est un acte de solidarité profondément ancré dans la culture locale.
Une tradition née de la communauté
L’histoire du caffè sospeso remonterait à l’époque de la Seconde Guerre mondiale, lorsque Naples, comme de nombreuses autres villes italiennes, connaissait des temps difficiles. Les habitants ont alors commencé à payer des cafés supplémentaires, non pas pour eux-mêmes, mais pour ceux qui étaient touchés par la pauvreté.
Ce geste, anonyme et sans prétention, s’est perpétué au fil des décennies. Aujourd’hui encore, il n’est pas rare d’entrer dans un café napolitain et de voir le barista noter le nombre de cafés en suspens sur un tableau ou simplement de les mémoriser. Pour moi, c’est un rappel que même les plus petites actions peuvent avoir un impact significatif.
Une tradition qui s’exporte
Ce que je trouve fascinant, c’est que le caffè sospeso a inspiré des initiatives similaires ailleurs dans le monde. Des cafés à Paris, Londres ou New York ont adopté cette idée, prouvant qu’un simple café peut symboliser bien plus qu’un moment de plaisir : il peut représenter un pont entre les individus, une main tendue dans un quotidien parfois trop individualiste.
Je me suis souvent demandé pourquoi cette pratique n’était pas plus répandue. Peut-être est-ce parce qu’elle repose sur un principe fondamental de confiance. Le client croit en la bonté de ceux qui viendront après lui, et le barista joue le rôle de médiateur silencieux, veillant à ce que le café suspendu trouve preneur.
Conclusion :
À Naples, le caffè sospeso n’est pas qu’une simple curiosité locale : c’est une véritable philosophie de vie. Offrir un café suspendu, c’est participer à une chaîne invisible de solidarité, où un geste simple et abordable peut illuminer la journée de quelqu’un.
Cette tradition nous rappelle que dans les petits gestes quotidiens réside une forme de noblesse. Et qui sait ? Peut-être qu’en prenant un café la prochaine fois, nous serons inspirés à en suspendre un. Car après tout, une tasse de café est parfois bien plus qu’un breuvage : elle est un message de compassion et de partage. Andiamo !
Bertrand, éditeur des Histoires Jamais Entendues
Photo (c) theblogdeclementine.blogspot.com
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