Le skateboard, souvent perçu comme une discipline typiquement américaine, s’ancre progressivement en Inde. Longtemps considéré comme une curiosité, voire une nuisance, ce sport trouve désormais un public croissant dans le pays, notamment parmi les jeunes et les femmes, qui en font un outil d’émancipation.

femme en skateboard en inde photo chantal pinzi

Un sport qui gagne du terrain

Pendant des années, le skateboard en Inde est resté confidentiel. La culture locale privilégie d’autres sports comme le cricket, et les infrastructures adaptées étaient quasiment inexistantes. Mais la situation évolue. De nouveaux skateparks voient le jour, attirant une génération avide de découvrir cette discipline. Urmila Pabale, une étudiante de Bombay, témoigne de son émerveillement en découvrant l’un de ces espaces fraîchement aménagés. “Je suis allée là-bas et je suis restée scotchée : auparavant, je n’avais vu ça que dans les films de Spider-Man.”

Un levier d’émancipation pour les femmes

Le skateboard ne se limite pas à un simple divertissement. Pour de nombreuses jeunes Indiennes, il devient un moyen de se réapproprier l’espace public et d’affirmer leur indépendance. C’est cette dimension qui a poussé la photographe italienne Chantal Pinzi à s’intéresser à la scène féminine du skateboard en Inde. De New Delhi à Bombay, elle a suivi ces skateuses qui défient les normes sociales à travers leurs figures et leur engagement.

Née en 1996 à Côme, en Italie, Pinzi a étudié la photographie documentaire en Allemagne avant de s’installer à Berlin. Son travail s’étend au-delà de l’Inde : elle a également documenté la communauté des skateuses marocaines. Son projet, intitulé Shred the Patriarchy, joue sur le double sens du mot “shred”, qui signifie à la fois “détruire” et “skater avec style”.

À l’approche des Jeux de Paris, l’essor du skateboard en Inde attire de plus en plus l’attention. Ce sport, qui semblait autrefois étranger à la culture locale, devient un symbole de modernité et de liberté pour une nouvelle génération.

Bertrand Ploquin, éditeur des Histoires Jamais Entendues, via Courrier International

Photo : Chantal Pinzi