Franchement, je ne sais pas comment j’ai pu passer à côté de ça : moi qui ai longtemps été fan de jeux de rôle, de littérature fantastique, d’heroic fantasy, ne pas connaître ce paysage norvégien, ça m’échappe. Imagine : trois épées géantes, de plusieurs mètres de haut, plantées devant le fjord. Just wow it.
Tu roules depuis Stavanger, sans trop savoir à quoi t’attendre. Une route sinueuse, un virage, un petit parking. Et puis soudain… elles apparaissent.
Trois épées géantes, plantées dans la roche, face au fjord.
Pas un décor de cinéma. Pas une attraction. Juste là, debout dans le vent, comme si elles avaient toujours été là.
Tu t’approches. Le sol est irrégulier, l’air sent le sel et les pins. Les épées s’élèvent à plus de dix mètres, rouillées par le temps, sculptées comme des armes d’un autre monde. Elles te surplombent, immobiles, mais pleines de récits.
Un panneau t’explique que tu es à Sverd i fjell, « les épées dans la montagne ». Que ce lieu commémore une bataille qui a changé l’histoire : Hafrsfjord, en l’an 872, où Harald à la Belle Chevelure a vaincu les chefs rivaux et unifié la Norvège. Que la plus grande des épées représente son pouvoir, les deux autres ses ennemis. Et que toutes trois, scellées dans la roche, symbolisent la paix.
Mais ce que tu ressens dépasse l’histoire. C’est quelque chose de plus brut, de plus profond. Une émotion silencieuse.
Tu regardes autour de toi. Personne ne parle. Même les enfants, soudain, murmurent.
Le vent souffle entre les lames. Le fjord scintille sous un ciel immense. Et toi, visiteur d’un jour, tu te tiens là, petit humain devant trois géants endormis.
Tu ne savais pas que trois épées pouvaient te faire ça.
Mais tu ne l’oublieras pas.
Bertrand, éditeur des Histoires Jamais Entendues
Photo (c) Lance Chen
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