Ce que j’aime en Irlande, outre découvrir des pubs cachés en compagnie de Tom O’Barley, c’est l’intrication naturelle entre le réel et la magie. Par exemple : le respect des traditions et des croyances ancestrales influence encore aujourd’hui la manière dont les habitations sont conçues. C’est le cas des « chemins des fées », ces passages invisibles empruntés par le petit peuple, dictent souvent l’architecture des maisons pour éviter tout affront aux esprits légendaires.

L’Irlande est une terre riche en légendes et en mythes, où le monde visible côtoie l’invisible. Parmi ces croyances, celle des « chemins des fées » occupe une place particulière. Ces sentiers invisibles, que l’on dit empruntés par les fées entre des lieux significatifs comme des forts de fées ou des collines, sont profondément ancrés dans le folklore irlandais. Cette tradition influence encore aujourd’hui la manière dont les maisons sont construites, témoignant d’un respect profond pour ces êtres mythiques.

Les chemins des fées : une tradition vivante
Les « chemins des fées » sont des routes droites que l’on croit être les itinéraires empruntés par les fées entre divers lieux d’importance. Selon le folklore, obstruer ces chemins peut entraîner des malheurs ou des maladies pour les habitants des lieux concernés. Ainsi, il est courant que les maisons soient construites en tenant compte de ces passages, afin de ne pas perturber le trajet des fées.

Des anecdotes révélatrices
Plusieurs récits illustrent l’importance accordée à ces chemins dans la culture irlandaise. Par exemple, une famille ayant construit une extension à leur maison a vu plusieurs de ses enfants tomber malades sans explication médicale. Une voyante leur a alors conseillé de démolir cette nouvelle partie, estimant qu’elle bloquait un chemin des fées. Après la démolition, les enfants ont retrouvé la santé.

Dans le comté de Kerry, un fermier rencontrait des problèmes récurrents avec son bétail, qui tombait mystérieusement malade. Une diseuse de bonne aventure lui a suggéré que sa grange était située sur un chemin des fées reliant deux collines. Elle lui a conseillé de laisser les portes avant et arrière légèrement entrouvertes la nuit pour permettre aux fées de passer librement. Après avoir suivi ce conseil, les problèmes ont cessé.

Influence sur l’architecture locale
Pour éviter d’obstruer ces chemins, certaines maisons sont construites avec les portes avant et arrière alignées, permettant ainsi aux fées de traverser librement la demeure sans causer de malchance aux occupants. Cette pratique architecturale témoigne du profond respect des Irlandais pour leur folklore et de leur désir de vivre en harmonie avec le monde invisible.

Conclusion :
Les « chemins des fées » illustrent la manière dont les croyances traditionnelles peuvent influencer des aspects concrets de la vie quotidienne, comme l’architecture. En respectant ces passages invisibles, les Irlandais perpétuent une tradition séculaire, mêlant folklore et pragmatisme, et démontrent une fois de plus la richesse de leur patrimoine culturel. Et je comprends mieux d’où vient la fabuleuse histoire de Fairy et de Tale dans les Histoires Jamais Entendues dans un pub en Irlande, de l’ami Tom. Slainte!

Bertrand, éditeur des Histoires Jamais Entendues

Photo (c) Richard Ely